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3 avril 2013 3 03 /04 /avril /2013 18:49
Aveugles, sourds, le cœur arrêté,
Seules leurs jambes marchaient.
Seuls leurs bras frappaient.
Fins limiers flairant la peur devant eux.
Ils allaient, ils allaient !

Yeux ouverts sur la bête humaine,
Oreilles tendues au moindre frôlement.
Cœurs battant la terreur à l’unisson.
La mort les tutoyait.
Ils allaient, ils allaient.

Les pneus cahotant sur d’étranges coussins,
Roulaient les camions indignes
Emplis de fusils sans colliers.
Délaissant les cris, les appels, les supplications.
Ils allaient, ils allaient.

La colline était vibrante,
Un essaim bourdonnant
La piquait de mille dards acérés.
La colline saignait, hurlait,
Ne pouvait plus rien absorber.
Le sang emplissait ses ruisseaux,
Qui allaient, qui allaient.
Quelque chose n’allait pas,
Quelque part, une horloge arrêtée,
Un point d’orgue d’inhumanité.
Cela était, de toute indignité,
Existait, arrivait, se passait…

Le monde, les yeux clos,
Bouche ouverte, horrifié,
S’était détourné.
La malédiction était tombée
Une fois de plus. Il était frappé,
Le monstre, en lui, éveillé.

Un jour, j’irai dans le marais,
Je vous trouverai, enfants de la peur,
Innocents agneaux tremblants.
Je me mettrai entre eux et vous,
Ma colère chaude vous protègera.

Ils ne pourront rien.
J’aurai avec moi vos frères morts
Que j’aurai eu soin d’amener.
Je les trouverai dans les plis du temps,
Dans son manteau de saisons perdues.

Et vous étincellerez, serez, vivrez !
Aucun piège de l’histoire
Ne sera plus de votre destin
Invincibles au cœur du passé,
Vous serez, en allée

Mais le temps est une roue,
Vous reviendrez, nous vous reconnaîtrons,
Enfants trop calmes, forcés à l’effacement.
Et vos sourires un rien trop doux,
Vos regards sans fond, sans fin, sans courroux,
Vrilleront l’âme de vos tueurs fous.
Lysiane Rolland.
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